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acteurs de l’éducation populaire avec le directeur régional et le directeur départemental des Francas du Finistère.
Voici quelques-unes des pistes de réflexion que j’ai pu développer :
Quand on veut aborder la question de la paix en ateliers philo, on est amené bien-sûr, à évoquer la question de la violence et d’abord à clarifier la notion.
C’est quoi la violence ?
Existe-t-il plusieurs formes de violences ?
Car cette violence qui est partout dans la société, à l’école se présente sous de multiples formes : tantôt verbale, physique, psychologique…
Le défi pour les éducateurs, enseignants, animateurs, à l’école et dans la cité, est de savoir comment aborder la guerre, la violence, qui font partie du binôme Paix VS Guerre, sans créer de l’anxiété chez les enfants, ou sans en rajouter car beaucoup d’enfants et d’ados sont déjà dans une vraie souffrance psychologique.
Cette violence, l’enfant la découvre très tôt : à l’école, au collège, au lycée : avec les situations de harcèlement en augmentation, les interactions pas toujours évidentes avec les autres, la compétition, le regard et jugement de l’autre, la pression familiale parfois, des situations socioéconomiques précaires…
Cette violence sévit aussi dans la société avec le spectacle télévisuel continuel de violences, avec les jeux vidéo, l’intrusion des écrans, le poids écrasant des réseaux sociaux…
Ce n’est pas simple mais en invitant les enfants, à exprimer leur pensée, à nommer et décrire leurs émotions, leurs peurs, leurs interrogations, dans un cadre sécurisant et bien gainé, on les autorise à se libérer d’une partie de la charge émotionnelle qui les oppresse.
Ainsi, dans une réflexion sur la question de la paix, on pourra par exemple, faire émerger d’abord, la distinction entre les différentes formes de violences.
Il s’agira ainsi de distinguer par exemple, la violence inhérente à la nature, celle qui s’exerce dans la nature :
- Evénements climatiques : ouragans, séismes,
- Loi de la nature : le lion qui dévore la gazelle…)
De celle perpétrée par les humains sur d’autres humains mais aussi sur les animaux et la nature.
On pourra aussi, les inviter à questionner la légitimité de chaque forme de violence.
Par ailleurs, dans ma pratique professionnelle, je ne m’interdis pas le recours à des contenus savants pour aider au jaillissement de leur pensée,
Ce qui ne signifie que l’atelier devienne un cours magistral.
Comment les humains pourraient-ils coexister pacifiquement ?
- La paix, est-elle une utopie ?
- Qu’est-ce qui pousse l’humain à vivre dans des rapports de force et de domination ?
C’est ça l’enjeu d’une réflexion sur la paix !
Edgar Morin dans Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur explique : « qu’il s’agit d’enseigner la compréhension entre les humains car c’est la condition et le garant de la solidarité intellectuelle et morale de l'humanité ».
En atelier philo, nous créons des espaces de pensée, via par exemple ce que Matthew Lipman et Margaret Sharp appellent une CRP, (Communauté de recherche philosophique) qui fonctionne comme un espace démocratique, où la pensée comme la parole peut circuler librement tout en s’appuyant, bien-sûr sur certaines règles, toujours explicitées et votées en concertation.
L’animateur n’attend aucune bonne réponse et il n’y a rien à rater, ni rien à réussir, juste à déployer son point de vue en l’argumentant dans les règles du débat démocratique.
Ces ateliers de discussion à visée philosophique vont guider l’enfant vers son émancipation, et l’aider à mieux comprendre le monde dans lequel il vit.
Car, dit encore à ce sujet, Edgar Morin « Comprendre inclut nécessairement un processus d’empathie, d’identification et de projection.
Toujours intersubjective, la compréhension nécessite ouverture, sympathie et générosité ».
Autre point important, il convient de rappeler quand on veut éduquer à la paix, il est important de ne pas tomber dans une sorte de catéchisme républicain, moralisateur qui n’aurait rien à voir avec l’acte de philosopher.
Il s’agit de sortir de la simple déploration et de donner aux enfants, des outils intellectuels et culturels pour qu’ils construisent leur propre potentiel réflexif de façon autonome.
Par exemple, en les amenant à distinguer conceptuellement ces deux notions, en apparence, proches que sont :
Le conflit, qui peut être constructif, car un désaccord peut être positif s’il est l’occasion de clarifier une situation et permettre aux deux protagonistes de mieux se comprendre.
Et la violence qui, elle se révèle la plupart du temps destructrice.
Il s’agit également de leur faire comprendre également que la paix n’exclut pas automatiquement les disputes, les conflits, les luttes, les oppositions, les situations de compétition et de rivalité.
La problématique de la paix est donc dense, vaste et complexe et il existe de nombreuses notions connexes qui vont émerger au cours d’une discussion menée sur cette question :
On pourra être amené à aborder les notions de :
- Fraternité
- Démocratie
- Education
- Liberté
- Bonheur
- Amitié / Isolement/ Solitude
- Lois / désobéissance civile
- Justice / Injustice
- Mort / Souffrance
- Egalité
- Responsabilité / Engagement
- Différences- Ressemblances
- Racisme / Discriminations
- Mensonge VS Vérité
- Croyance / Connaissance
On peut même extraire des problématiques environnementales sur l’enjeu de l’eau par exemple.
La thématique de la ressource « eau » montre que les humains pourraient être amenés à déclencher des guerres.
La question de l’accaparement des ressources naturelles fera ressortir une problématique liée à la notion de responsabilité et de justice climatique, les déplacements de populations amènera les enfants à réfléchir sur la question des réfugiés climatiques, sur la faim…
Toutes ces questions ont à voir avec la défense et la préservation de la paix.
Ce faisant, en abordant ces notions, on va installer une dynamique collective, on va fabriquer du nous, une communauté de fraternité et de coopération.
Quand on veut éduquer à la paix, on va aussi travailler la notion d’engagement.
Par ailleurs, la pratique philosophique comporte 3 grandes fonctions qu’il n’est jamais inutile de rappeler :
- Une fonction socialisante : on appartient à un groupe humain sans discrimination et la pratique philo favorise le lien social en renforçant la capacité à écouter autrui, à développer ses empathies, émotionnelles et intellectuelles, à confronter sa pensée à celle d’autrui dans le respect.
- Une fonction d’éveil à une conscience politique : « Je pense avec les autres et j’examine un mot, une situation, un support, quel qu’il soit : ça signifie que je prends conscience que j’ai le droit de questionner la société, les lois, les dogmes, les croyances, l’autorité, j’ai le droit de les mettre en mots et de les discuter, de les railler, de les parodier, de les dénoncer, d’en révéler toute l’absurdité !
- Une fonction démocratique : « Je pense donc je prends ma place dans la cité pour construire mon identité de citoyen éclairé, actif, responsable et engagé ! »
Un article sera sans doute rédigé prochainement.
Voici le beau programme de cette journée :
14h – 14h15 : présentation de la demi journée (UEP)
14h15 – 16h : Première partie : Avec les enfants des écoles, élever les défenses de la paix.
14h15 – 14h35 : Parcours paix : une expérience d'éducation à la paix menée depuis plus de 10 ans par l'UEP dans les écoles de Brest.
15h10- 15h30 : Les Ateliers philosophiques avec Myriam Mekouar, vice-présidente des Francas 29 et praticienne-formatrice au sein de L'écume.
14h35-15h10 : extraits du film « les petits disciples de Platon »
15h30 – 16h : Débat avec la salle.
16h – 16h20 : Pause café et présentation de jeux de la paix (UEP-Mouvement de la Paix)
16h20 – 17h50 : Deuxième partie : Construire la paix hors temps scolaire avec les jeunes.
16h20 – 16h45 : Initiatives Francas avec Wilbert Belin.
16h45 – 17h : Expériences éducatives Mouvement de la Paix avec Noëlle Péoc’h.
17h – 17h30 : Débat avec la salle.
17h30 – 17h45 : Intervention Madame L’Adjointe à la Politique éducative de la ville de Brest.
17h45 – 18h : Clôture de la demi-journée.